Avertissement au lecteur
Les « Rendez-vous de La Possonnière » proposent chaque année un cycle de conférences et de concerts autour d’un thème ronsardien. Les conférences sont assurées par des spécialistes reconnus s’appuyant sur l’état actuel de la recherche. Elles doivent permettre à un large public de mieux connaître l’œuvre de Ronsard et de bénéficier d’un éclairage nouveau sur les thèmes abordés.
Loin d’être une revue spécialisée destinée exclusivement à un public universitaire, les Cahiers de La Possonnière ont pour objectif de vous permettre de retrouver le contenu de ces présentations.
Au moment de proposer ce sujet, en réponse à la très généreuse invitation des organisateurs de cette belle manifestation, je ne me suis pas rendu compte qu’il s’agirait, pour l’essentiel, d’un programme construit autour de Ronsard en ses rapports avec Marie Stuart. C’est tout à fait naturel, étant donné les liens poétiques que Ronsard avait tissés avec elle et qui avaient leurs résonances profondes, politiques et culturelles. Mon problème, c’est seulement que le texte que j’ai choisi comme objet de réflexion, malgré son intitulé, La Stuartide, et bien qu’il soit assez bien aligné sur la thématique générale de « Ronsard et la Grande Bretagne », ne mentionne pas Marie Stuart et n’a rien à voir avec elle. Ou peut-être que si, quand même, de façon indirecte, justement par le biais de son absence. (Vous voyez déjà que j’essaie de me rattraper.)
De plus, avant de m’engager dans le cœur du sujet, je tiens à poursuivre mon rattrapage brièvement à travers un deuxième texte on ne peut plus concentré sur Marie Stuart qui présente un lien circonstanciel et méthodologique avec La Stuartide. Un mot introductif sur les deux œuvres s’impose. La Stuartide d’abord. Il s’agit d’une épopée inachevée (seuls deux livres existent) par un certain Jean de Schélandre - nom que vous chercherez en vain dans le Dictionnaire de Pierre de Ronsard, bien que son poème, publié à Paris en 1611, réclame implicitement et explicitement une filiation avec La Franciade. Le but avoué de ce poète d’origine verdunoise était également de célébrer une dynastie royale en forgeant un mythe national, en l’occurrence binational, car il s’agit des fondateurs de la monarchie glorieuse de Jacques VI d’Écosse, devenu depuis 1603 Jacques Ier d’Angleterre. Nous savons que Schélandre avait entrepris plusieurs voyages en Angleterre, et qu’il avait déjà tenté d’attirer le mécénat du roi, avant de s’y diriger encore en 1611 avec un exemplaire de son œuvre qu’il allait lui présenter en personne.
Suite à télécharger …/…
Article presqu’intégralement tiré, avec autorisation, du Dictionnaire littéraire des écrivains d’expression populaire,nFrédéric-Gaël Theuriau (Dir.), Tours, CESL Éditions, 2016-2018.
Augié Gaillhard (Auger Gaillard selon l’orthographe d’aujourd’hui) naquit en Albigeois, à Rabastens, dans le Tarn. Son père, Martial Gaillard, était « roudié », c’est-à-dire charron. Sa mère s’appelait Mariette de Saint Martin. Son frère se prénommait Pierre. L’enfant grandit dans une famille d’artisans aisés. Il vécut une partie de son enfance dans une maison du faubourg Saint-Roch qui se trouve actuellement au 24 rue du Consistoire.
Auger fréquenta quelque temps le collège où il fit du latin. Il le quitta tôt pour apprendre le métier de son père durant son adolescence ainsi que celui de ménétrier qui le faisait vivre. Il jouait précisément du rebec, un violon médiéval à trois cordes. Il serait ensuite entré en religion chez les franciscains, y aurait refait du latin puis aurait abandonné sa vocation pour reprendre le métier de roudié qui consistait essentiellement à fabriquer et réparer les roues des voitures (charrettes, chariots…) et éventuellement les véhicules eux-mêmes.
Suite à télécharger …/…
Fin 1562. Charles IX règne depuis quelques mois. La première guerre de religion fait rage. Le jour même de l’assassinat du duc François de Guise par Poltrot de Méré paraît à Orléans un petit libelle en vers qui va prodigieusement agacer Ronsard, mais aussi l’inspirer plus qu’aucun autre. L’ouvrage s’intitule Response aux calomnies contenues au discours et Suyte du Discours sur les Miseres de ce temps, Faits par messire Pierre Ronsard, jadis Poëte, et maintenant Prebstre. Les deux auteurs, qui se dissimulent sous les pseudonymes de Zamariel et Mont-Dieu, sont des polémistes protestants (Antoine de la Roche-Chandieu et Bernard de Montméja). En prenant directement la personne de Ronsard pour cible, ils déterminent un infléchissement décisif de l’engagement polémique de notre poète dans le conflit. Les « discours » précédents avaient pour sujets la situation générale du royaume, les intérêts de la France et de l’Eglise ; ils contenaient des conseils aux princes catholiques et des blâmes aux protestants. Mais dans la longue Response aux injures et calomnies de je ne sçay quels Predicans & Ministres de Geneve, qu’il compose et publie en 1563, et qui est l’un des plus longs poèmes qu’il ait jamais composés, Ronsard parle surtout de lui-même. La Responce constitue pour l’essentiel un plaidoyer pro domo, une apologie ripostant à des ennemis personnels sur des questions personnelles. Le texte nous intéresse d’autant plus, comme il intéressa dit-on le jeune Charles IX : on sait, par une lettre de l’ambassadeur d’Espagne en France (novembre 1563) que le roi se fait lire les pamphlets protestants contre Ronsard. Probablement une preuve du retentissement de la Responce, qui a suscité la curiosité du roi ?
Suite à télécharger …/…
J’ai tout d’abord grand plaisir à adresser mes remerciements les plus vifs à l’Association Pierre de Ronsard et particulièrement à Christine Iratçabal pour la parfaite organisation de cette délicieuse journée.
Une question très simple - mais qui me semble pourtant essentielle - est à l’origine de cette petite présentation, celle de la lisibilité du texte des Amours, et en l’occurrence des Amours de Cassandre (dans les éditions de 1552-1553). Pour dire les choses de façon un peu provocante (surtout en ces lieux ô combien chargés d’histoire ronsardienne), est-il si facile de lire Ronsard ou plutôt « ce » Ronsard ? Est-il bien sûr si facile de le lire aujourd’hui mais même, et surtout, à l’époque où ses contemporains le lisaient ? Car les difficultés que rencontrent aujourd’hui les lecteurs de cette œuvre ne doivent pas masquer celles que rencontraient effectivement les lecteurs du temps. Comme le dit avec sa sagesse coutumière, la SNCF « un train peut en cacher un autre ». En effet.
Suite à télécharger …/…